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[CR] Inland Empire de David Lynch

 
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Le Duc
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MessagePosté le: Mer 23 Mai 2007 15:29    Sujet du message: [CR] Inland Empire de David Lynch Répondre en citant




Inland Empire

Qu?il soit fou ou génial, David Lynch demeure sans doute le plus insaisissable des réalisateurs de notre époque. Ces ?uvres toujours déroutantes plongent le spectateur dans un univers parallèle plus viscéral que cérébral. Essayer de s?y retrouver est souvent un pari impossible. Restent alors les sensations provoquées par l?image et le son, sensations en provenance directe de notre inconscient, ou du sien, celui de Lynch?



Une actrice apprend une journée à l?avance qu?elle a été retenue pour un rôle au cinéma. Tout ce qui se passera par la suite arrivera une journée à l?avance, ou après, à la même époque, ou non, dans cet univers-ci ou ailleurs et inversement selon la couleur de la pièce où elle se trouve à moins que non.

Essayons plutôt :

Il était une fois un rôle. Il avait été joué jadis par une actrice de cinéma, mais à cause du meurtre de cette dernière et de son co-vedette, le film n?avait jamais été terminé. D?où la malédiction. Un jour, le rôle fut rejoué par une autre actrice qui confondit le rôle et la réalité, mais aussi la réalité de l?autre actrice d?avant qui, peut-être, regardait tout ça à la télé? Pendant ce temps, il y avait des lapins et des prostitués que ça vous plaise ou non.

Pas facile?J?ai encore une chance?

Une vieille dame vient avertir une actrice que si nous étions demain, elle se trouverait ailleurs qu?en ce moment. Le film tentera de nous faire comprendre tout ça de la façon la plus illogique possible. Mais il y a également des lapins et des gens qui disparaissent ou non?

Grosso modo, c?est ça. J?ai probablement oublié quelques détails, mais l?essentiel y est peut-être. Qui sait?



Lynch ne se visionne pas, il se vie. Partant du principe de base que ce qui nous est présenté s?adresse à autre chose qu?à notre compréhension, Inland Empire nous fait vivre presque toute la gamme des émotions. Il suffira aux spectateurs de se laisser diriger à travers toutes ces pistes, ces symboles qui se rattachent parfois, parfois pas, mais qui ne manquent jamais de créer «leur petit effet». Plus le film avance et plus les couches se superposent nous laissant, nous spectateurs, dans l?impuissance la plus totale devant cet univers cauchemardesque, mais pas tant que ça...un peu et beaucoup à la fois. On oublie très vite comment l?actrice principale s?est retrouvée là, et chose plus troublante, où c?est là et quand c?est. Seuls quelques petits détails rattachent les scènes entre elles et à un moment donné le spectateur totalement largué n?a d?autre choix que de se raccrocher à ces détails afin de ne pas non plus sombrer dans le tourbillon. Chose intéressante, les personnages semblent presque tous savoir où ils se trouvent, mais pas nous. Lynch demeure avare sur les points de repère, laissant le soin aux spectateurs de faire les liens qu?ils voudront. Du grand Lynch.

Techniquement, le film souffre d?un tournage en grande partie vidéo rappelant sans cesse la nouvelle vague des films sur Internet (Youtube?). Choix artistique? Manque de budget? Pour ma part, je n?ai pas apprécié certaines scènes tournées en courte focale très près du visage des comédiens. Comble du ridicule, ces plans vidéos ont été réalisés en foyer automatique! Il n?est donc pas rare d?observer le visage flou des comédiens en extrême gros plan, alors que l?arrière plan plus lumineux est en foyer. Comme Lynch est crédité aussi à la caméra, je me demande si?
Heureusement, certaines scènes ont été visiblement tournées en 35mm. Ces dernières sont heureusement d?une qualité irréprochable.

La bande son est géniale! Alors que certaines scènes contiennent d?excellentes chansons (la personne qui m?accompagnait est tombée sous le charme de Beck), d?autres demeurent emplies de sons enveloppants, inquiétants, parfois même difficiles à supporter. Un excellent travail de ce côté!



Inland empire est certainement l?un des meilleurs films de Lynch. Difficilement appréciable pour un amateur de cinéma de masse, il contient assez de force et de génie pour nous tenir vissé sur notre siège pendant presque trois heures. Bien plus qu?un film, c?est une expérience à part entière qui se vit de l?intérieur. À voir le visage rayonnant de celle qui m?accompagnait lors de la séance, David Lynch possède encore suffisamment de panache pour chambouler les c?urs, les esprits, la conscience?l?inconscience?la nôtre?la sienne?dans une chambre rouge ou ailleurs?sur une route perdue?sur une planète des sables? sur une tondeuse à gazon?et cette fois-ci, sur un plateau de tournage?

Le Duc
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MessagePosté le: Jeu 24 Mai 2007 07:14    Sujet du message: Répondre en citant

J'ai rien compris donc belle critique !!


















Nan, je déconne, belle critique tout court. Inspirée.
Tu viens de réhausser d'un coup mon envie de le voir. C'est bien Very Happy
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Le Duc
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MessagePosté le: Jeu 24 Mai 2007 15:31    Sujet du message: Répondre en citant

Je l'ai écrite pour toi sachant que tu serais tout seul à la lire!! Laughing

Le Duc
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MessagePosté le: Mar 29 Mai 2007 14:22    Sujet du message: Répondre en citant

eh beh, je m'en veux de l'avoir raté. Faut dire qu'il n'est pas resté longtemps à l'affiche,... peut-être le repasseront-ils.
c'est vrai, que j'avais, un peu, été "effrayé" par le fait que même les afficionados pur et dur de Lynch avaient eu du mal avec cet opus, ce qui avait freiné mon élan lors de sa sortie.
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sopor
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MessagePosté le: Sam 02 Juin 2007 08:25    Sujet du message: Répondre en citant

pour ne pas laisser seul the dude, je poste ma petite critique de l'époque sur INLAND EMPIRE, grand film que j'ai bien hâte de revoir :


Le moins que l'on puisse dire à la vision de INLAND EMPIRE c'est que la fracture entre les pro-lynch et les anti-lynch va se creuser encore davantage. Car Lost Highway et Mulholland Drive n'étaient que des amuse-gueules en comparaison du trip que s'est offert Lynch avec ce nouveau long-métrage. A l'entrée du cinéma, on aimerait y voir écrit les mots de Dante : "Vous qui entrez ici, abandonnez toute espérance".

De quoi parle INLAND EMPIRE ? Pour faire vite et simple : une actrice (jouée par Laura Dern) obtient le premier rôle dans un film qui est en fait un remake d'un autre film qui n'a jamais été achevé et dont les deux comédiens principaux ont été assassinés. A partir de là, ça s'agite dans le lynchland : en vrac, des types parlant polonais cherche un "accès", une sitcom avec des personnages à tête de lapin se joue devant nos yeux, une inquiétante voisine fait des prédictions non moins inquiétantes, un choeur antique de prostituées donne dans la comédie musicale, des portes s'ouvrent, se ferment, des lumières s'allument et s'éteignent, des couloirs n'en finissent pas. Et au milieu de tout ça, la psyché d'une actrice à cerveau ouvert.

Là où Lynch fait fort, complètement libéré par la DV, c'est qu'il ne se contente plus de doubler les figures comme dans Lost Highway ou Mulholland Drive, il les multiplie à l'infini comme autant de reflets dans un miroir. Quand Mulholland Drive se retournait et revenait facilement à l'endroit, INLAND EMPIRE se démultiplie pour filer dans toutes les directions ; Lynch avance, ne regarde pas derrière lui, ni ne revient sur ses pas. Car la grande force de INLAND EMPIRE, c'est d'abolir toute idée de lieu : on ne sait jamais vraiment où se situe l'action, ni géographiquement ni psychologiquement (même si l'opposition intérieur/extérieur reste toujours aussi présente chez Lynch). Le film ressemble à une succession de tableaux labyrinthiques, beaux, bizarres et grotesques (c'est de loin le film le plus "drôle" de Lynch) sans lien apparent entre eux. Chaque scène constitue un déclic comme une série de lampes qui s'allumeraient les unes à la suite des autres, dans un ordre précis et exclusif. Lynch dope son film aux signes : ampoules, lampes, miroirs, écrans, brûlures de cigarette, portes et embrasures, fenêtres et rideaux ; une maison de poupée minuscule à l'extérieur et gigantesque, torve, alambiquée et cauchemardesque à l'intérieur.

INLAND EMPIRE est un film aussi exigeant sur la forme que sur le fond : une DV crasse et granuleuse qui épouse les fantasmes retors de(s) l'héroïne(s), haine, sexe, amour, meurtre, gloire... La caméra bouge, s'approche aussi près des ténèbres que de la lumière, du sombre que du lumineux, pour arriver à la même conclusion : d'aussi près on n'y voit rien. Si INLAND EMPIRE parvient à faire sens, ce n'est qu'une fois contemplé tous ses tableaux, avec un peu de distance, le film continuant de se jouer longtemps dans notre cerveau.

Alors que le cinéma s'aseptise dangereusement, cadenassé par les producteurs et les projections test, réduit au rang de sympathique divertissement, Lynch ose un film codifié d'une indécente liberté, qui prend le risque de perdre ses spectateurs en route et de ne jamais revenir les chercher. Les autres seront déjà loin, tout au fond du terrier...
Un spectateur interrogeait : "Pourquoi y a des lapins ???". On ne peut plus rien faire pour lui.
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Lorenzo007
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MessagePosté le: Sam 02 Juin 2007 09:08    Sujet du message: Répondre en citant

Tout simplement le film le plus abouti de Maître Lynch, je pense d'ailleurs qu'il existe déjà un topic sur ce grand film.
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Les critiques presses ne savent pas de quoi elles parlent, elles méritent que je leur donne des leçons de cinéma !
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Le Duc
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MessagePosté le: Lun 04 Juin 2007 13:29    Sujet du message: Répondre en citant

sopor a écrit:
De quoi parle INLAND EMPIRE ?


Quelle critique! Je partage entièrement cette vision du dernier lynch. Un film qui explose dans tous les sens, qui expose une trame narrative aberrante, mais paradoxalement organisée : une structure tangible dans le néant, mais impossible à identifier, à cerner.

Le spectateur qui refuserait de se laisser porter par l'oeuvre serait bien sûr abandonné en route. Assis sur un siège éjectable, le doigt de Lynch sur le bouton, il arrivera que certains soient balancés dans le vide. C'est un risque à courir.

Pour ce qui est de la présence des lapins...la réponse serait probablement trop intense pour être connu par un humain...

...Demandez à un lapin, il vous le dira peut-être...

Le Duc
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