Le miroir à deux faces [Blu-ray]

[Lorenzo007]

André Cayatte abandonne, le temps d'un film, la justice et des dysfonctionnements, son manque de moyens et son refus d'évolution pour nous parler des apparences, de la beauté, de la laideur, de la chirurgie esthétique. Oui, c'est assez rare pour le souligner, surtout dans la France de 1958, parler d'un tel sujet est assez révélateur de l'ambition de Cayatte. Son ambition de changer les mentalités, de faire évoluer les moeurs tout en restant pudique, me fait penser qu'il en avait de très grosses pour en arriver là.
Il donne le ton dès le début. Un homme normal, joué par Bourvil, se rend au commissariat de police et avoue un meurtre. S'ensuit alors le déroulement de l'histoire par un très gros flashback.
On découvre le personnage interprété par Michèle Morgan, une femme au physique disgracieux, pourtant aimée par son mari Bourvil. La vie de ce dernier bascule lorsqu'il est victime d'un accident de voiture, provoqué par un spécialiste en chirurgie esthétique qui le remettra sur pied, avant de jeter son dévolu sur son épouse, avant de soumettre à Bourvil une proposition indécente qu'il refusera : embellir sa femme.

S'ensuit un formidable chassé-croisé dans lequel les mensonges sont légion. En plus de dénoncer la perte de la beauté naturelle par le biais de la chirurgie esthétique, Cayatte pose des questions sur ce couple. Quel sera son avenir ? Est-ce que changer de visage reste une preuve d'amour ou peut détruire un mariage ? A partir de ceci, Cayatte change complètement l'atmosphère de son film, passant du romantisme à l'angoisse pure, transformant, par la même occasion, un époux aimant en véritable ordure qui ne reconnaît plus sa femme. Cela donne une tension de plus en plus palpable, jusqu'à cette formidable scène en plan-séquence dans laquelle Bourvil, rond comme la Pologne, insulte sa femme de tous les noms d'oiseaux avant de commettre une tentative de viol qui brisera son mariage pour de bon.
Bourvil était débutant à cette époque, on le connaissait pas encore pour ses rôles comiques qui ont fait déplacer des millions de spectateurs. Il livre une prestation solide et inattendue, voire flippante, face à une Michèle Morgan sublime et d'une incroyable sensibilité.


Image & son :

Cf. Le dossier noir
_________________
Les critiques presses ne savent pas de quoi elles parlent, elles méritent que je leur donne des leçons de cinéma !

[Sypnos]

Faudra que je me le prenne celui-là.

[SHREK83]

Oui une belle édition pour un très bon film de Cayatte, effectivement un bon sujet, de très bonnes interprétations, pour moi un indispensable.....
Un Bourvil surprenant tant on est pas habitué de le voir dans ce registre....
_________________