Crowdfunding, bonne ou mauvaise chose?

[Guinness60]

On parle de du manque de prise de risques de Hollywood, de producteurs trop frileux pour financer des projets originaux ou de vraies idées de cinéma.

Depuis quelques années et l'explosion de Kickstarter, il semblerait qu'une solution pointe le bout de son nez, j'ai nommé le Crowdfunding. Pas question ici de nom bizarre désignant les gâteaux Suédois qu'on nous vend à la sortie d'Ikea, non le Crowdfunding c'est un financement participatif.

Prenez n'importe quelle idée, peu importe que ce soit du cinéma, de la musique, de la technologie ou autres, soumettez là à une plate forme de Crowdfunding et demandez aux gens de le financer! Simple non ?

En plus en finançant un projet, on vous donne des avantages, ça va de posters pour les plus petites contributions à carrément passer une journée avec le réalisateur, musiciens etc... pour les plus importantes. On peut même avoir son nom au générique! Plutôt cool hein.

Et surtout, votre don n'est débité que si le projet arrive à déclencher son financement. Alors il n'est pas question de tout payer à l'artiste hein on est pas des pigeons quand même, mais juste de parfois lui donner un coup de pouce, un moyen de débuter son œuvre ou même carrément de faire pression sur les studios pour leur montrer qu'un projet est désiré.

C'est là qu'on en vient à celui qui a tout fait exploser : Veronica Mars le film. Série mettant en scène une jeune détective qui essaie de percer les secrets de sa ville Neptune, elle n'a malheureusement pas fait long feu, s'éteignant au bout d'une 3ème saison. Pas beaucoup d'audiences, mais une fan base assez importante qui ne recule devant rien pour avoir droit à une suite, en inondant même la chaîne de friandises Mars.

Mais voilà la chaîne elle s'en fout, la série ne fait pas d'audience point barre. Alors Rob Thomas à une idée, pourquoi ne pas faire appel au Crowdfunding? Et là explosion. En 11 petites heures, le projet reçoit 3,3 millions de Dollars pour finir sa course autour des 5.7M. Joie intense, les petits gagnent face aux gros, Warner décidant même de rajouté 5 millions pour distribuer le film.

Hop c'est facile, la partie est gagnée on les a bien eu.

Sauf que...

Sauf qu'avec le cas de Veronica Mars on atteint de plein fouet les limites de ce système. Car en effet, le film a été financé par les fans et il devra donc être fait POUR les fans. Veronica Mars est un film qui ne peut être apprécié que par les fans, ceux qui connaissent par cœur les répliques, les intrigues, la psychologie des personnages, bref, tout connaître. C'est pour cela que la porte est complètement fermée aux aficionados curieux de voir le résultat. L'accès leur est bloqué, presque interdit. Impossible d'apprécier le film en ne connaissant pas la série sur le bout des doigts.

Plus grave, Rob Thomas a lui même avouer qu'il avait changé l'intrigue. Au départ la détective devait être présenté pendant son entrée au FBI. Mais non pas possible et Rob Thomas le sait. Alors il change tout, place son héroïne à New York et la fait revenir dans Neptune sa ville natale, pour sauver son ex boyfriend, accusé du meurtre de sa compagne. Il renferme donc son héroïne là où elle a toujours vécue, construisant une prison dorée aux fans, transformant son idée en sorte de Truman Show, annihilant par la même occasion toute possibilité d'émancipation. Non les fans veulent du Veronica Mars, il va leur en donner, la cloîtrant dans un dôme d'où les Crowdfunders peuvent la reluquer et la dévorer.

Alors Veronica Mars n'est qu'un projet parmis d'autres. Zach Braff a lui aussi financer son Wish i Was Here grâce à Kickstarter et on est en droit de penser que ce sera réussi, ce mec ayant toujours transpirer l'honnêteté.

Mais voilà, tout le monde n'est pas Braff et tout le monde n'a peut être pas envie de cette honnêteté. Et c'est bien là le danger. Alors qu'on reproche à Hollywood son manque d'implication dans de vrais projets d'auteurs, alors qu'on leur reproche de justement bafouer cette honnêteté en finançant des projets fait par des yes man, dénués de tout sens du devoir, on risque d'avoir ce même genre de soucis de l'autre côté avec peut être ce petit plus nauséabond qui voudrait qu'un projet financé par des fans devraient obligatoirement répondre à un cahier des charges édictés par eux seuls, tuant du coup dans l'œuf, toute envie de véracité qu'on était justement venu chercher ici.