[Z2] Dr. Jekyll and Mr. Hyde - Edition collector 2 DVD

[rorschach]

Le Dr Henry Jekyll est un chercheur passionné. La mort d'un de ses malades, Sam Higgins, l'affecte profondément car il a la certitude qu'il aurait pu le sauver. Il décide alors de devenir le propre sujet de ses expériences et boit le breuvage qu'il vient de mettre au point. Il est immédiatement soumis à des visions démentes et, en se regardant dans la glace, il découvre qu'il n'est plus le même homme.




Amazon solde les collectors Warner. Bonne occasion d'acquérir celle ci d'autant plus qu'on trouve en bonus la version de 1931 par Rouben Mamoulian, avec l' excellent Frederic March. Mamoulian est encore un de ces réalisateurs oubliés (sauf dans les cinémathèques) qu'il est bon de redécouvrir.
La version de 1931 est loin d'être la première adaptation du roman de Stevenson, qui, à l'instar du Dracula de Stoker, inspirera fortement cinéastes et metteurs en scènes des leur sortie.
Il y a déjà une bonne dizaine de versions période muette dont la plus notable en 1920 avec John Barrymore dans le rôle-titre (le frère de Lionel et le grand-père de Drew)



J'ai vu cette version quand j'étais tout gamin et Hyde m'avait terrorisé comme il se doit. C'est loin d'être le cas aujourd'hui mais la prestation de Frederic Mach, pour laquelle il obtint l'oscar en 1932, est tout à fait intéressante, de meme que l'adaptation du roman par Mamoulian.
Ici Jekyll est un libre penseur (pas un libertin) qui se heurte professionnellement et également dans le privé, aux rigidités de la société victorienne. Ses théories sur la dualité de la nature humaine lui valent moqueries de la part de ses confrères qui voient en lui un jeune chien fou.
Son empressement à vouloir épouser au plus vite sa fiancé Muriel lui apporte la réprobation de son futur beau père: "It isn't done!" (cela ne se fait pas)



Par la chimie, Jekyll cherche à libérer le moi bénéfique de sa part d'ombre afin de se sublimer. Il n'arrive bien sur qu'à faire surgir son double maléfique: le brutal Hyde. Le teint sombre, couvert de pwals, prognate et doté d'une incroyable dentition, Le Hyde de Mamoulian est le plus bestial de tous, mélange de primate et de Néanderthalien.
Trucages et maquillages sont vraiment bons et la performance de March, élastique et bondissante, toute en tics et sourires plus qu'inquiétant, en départs brutaux et accès de violence incontrôlée, est tout à fait remarquable.
Ce qui frappe également, c'est les sous entendus sexuels, très osés, mais non censurés car nous sommes alors en période pré-code. Les scènes avec Ivy sont d'un érotisme certain.



Bien qu'inférieur (de peu, mais c'est purement subjectif de ma part) à la version de Fleming de 1941, ce Docteur Jekyll et mister Hyde est vraiment à voir.
A noter, que Rouben Mamoulian invente pour la scène d'ouverture ce qui est à ma connaissance, le premier travelling en vision subjective.



Londres, fin du XIXe siècle. Le docteur Henry Jekyll, jeune et brillant médecin, est fiancé à la jolie Beatrix Emery. Ses recherches sur la dualité du Bien et du Mal chez l’homme et son désir de dissocier ces tendances l’accaparent complètement. Ses théories ne font pas l’unanimité auprès de ses confrères plus conservateurs. Le père de Beatrix, Sir Charles Emery, mécontent du non-conformisme de Jekyll et de son impatience à épouser sa fille décide d’éloigner celle-ci pendant un temps, afin d’éprouver leur attachement. Un soir, Jekyll accompagné de son ami, le docteur John Lanyon, sauve d’une agression la belle Ivy Peterson, une serveuse de bar, et la raccompagne chez elle. Reconnaissante, elle fait des avances à un Jekyll profondément troublé.



A peine 9 ans plus tard, Victor Fleming, encore auréolé de la gloire du magicien d'Oz et de Autant en emporte le vent (les 2 en 1939 !!) décide sous l'égide de la MGM, de produire et diriger sa version de L'étrange cas du Dr. Jekyll et Mr. Hyde. A la vision de celui ci, on est en droit de se demander quel en fut l'intérêt (sinon les brouzoufs) tant le scénar est à peu de choses près exactement le même que la version précédente, y compris le personnage de Ivy qui n'apparait pas dans le roman de Stevenson.



L'introduction toutefois est tout à fait différente, se déroule dans une église pendant un sermon durant lequel un malade mental fait un esclandre et blasphème. Fleming place donc son film sous l'égide de la morale et de l'éthique, bien plus que sur la dualité avec notre coté animal et régressif.
Ce Jekyll est plus cérébral même si Hyde donne bien sur libre court à sa violence et sa bestialité.



Dans l'absolu j'aurais tendance à dire que le Fleming est moins bon que le Mamoulian mais je le place au dessus pour trois raisons simples.
Après 10 ans de "parlant", le jeu, bien que classique est plus mature et se trouve débarrassé des extravagances appuyés du muet que l'on retrouve encore un peu dans le jeu de Frederic March.
Les décors sont somptueux et Fleming choisit judicieusement un magnifique N&B qui est très bien restauré sur cette galette.
Mais c'est le cast qui retient toute l'attention: Lana Turner (La blonde fatale de Hollywood) est Beatrix Emery, la fiancé de Jekyll. Ingrid Bergman est la tentante Ivy Peterson, belle à tomber par terre. Je défie quiconque de ne pas en tomber instantanément amoureux. Et bien sur Spencer Tracy dans le double rôle de Jekyll et Hyde. Tracy, que je considère comme un acteur en tout point remarquable, livre ici une composition tout en nuance, beaucoup plus centré sur les affres de Jekyll que les frasques de Hyde.



Une opinion malheureusement pas partagée par la critique de l'époque. Spencer Tracy était trop vieux pour le rôle, trop mastoc, trop brut, manquant de la finesse britannique convenant au rôle d'un notable victorien. De plus, le maquillage "léger" de Hyde était considéré comme ridicule et pas du tout effrayant. Ridicule je ne sais pas, plus crédible surement. Et il est vrai qu'il ne fait pas physiquement peur. Ce qui m'avait dérangé lorsque je l'ai vu gamin. Dans son approche classique, Spencer Tracy souhaitait mettre l'accent sur la violence morale et la menace sous-jacente toute contenue dans le regard de Hyde qui n'a pas besoin d'un déchainement de violence pour être véritablement flippant.
Et c'est le martyr de Jekyll, directement responsable des exactions de Hyde, qui fait tout l'intérêt de cette version.

Dr. Jekyll and Mr. Hyde version Fleming fut nommé pour 3 Oscars technique et n'en remporta aucun. La critique étrilla tant Spencer Tracy qu'il crut sa carrière définitivement terminée.

Les deux versions étant offertes dans ce beau coffret à prix donné, les cinéphiles jugeront.


Techniquement :







Bonus :






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Notre chtit forum

[Lorenzo007]

Une chronique qui donne très envie de voir les deux films. J'espère que TCM ou France 3 (dans le cadre du Cinéma de Minuit) diffusera une des deux versions prochainement pour que je puisse me faire un avis.
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Les critiques presses ne savent pas de quoi elles parlent, elles méritent que je leur donne des leçons de cinéma !

[bond007]

Je viens de voir avec retard ce super post.

Bravo pour l'article, ou je me retrouve beaucoup dans cette critique, sauf que moi j'ai toujours préféré le film de 1931.
Le film de Rouben Mamoulian je l'avais acheté en laserdisc ntsc (et je le garde pour la collec) et je possède l'edition double dont tu parle ici en zone 1, acheté bien avant la sortie zone 2.
Mais j'ai bien envie de m'offrir celui-ci, car les zones 2 sont géneralement de meilleur qualité, et s'il y a la vf cela permet de le montrer aux personnes reticentes à la vo.

Encore bravo rorschach pour cet article. Moi aussi je l'avais vu gamin. Si tu l'avais vu comme moi au ciné club de la 3, tu doit avoir à peut près mon age

[Lorenzo007]

Il y avait un ciné club sur la 3 à l'époque ? Bizarre, j'ai toujours pensé que c'était sur la 2 et que sur la 3 c'est le cinéma de minuit.
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[bond007]

[rorschach]