[DVD] Le Nouveau Monde

[rorschach]

En avril 1607, trois bateaux anglais accostent sur la côte orientale du continent nord-américain. Au nom de la Virginia Company, ils viennent établir "Jamestown", un avant-poste économique, religieux et culturel sur ce qu'ils considèrent comme le Nouveau Monde.
Même s'ils ne s'en rendent pas compte, le capitaine Newport et ses colons britanniques débarquent au coeur d'un empire indien très sophistiqué dirigé par le puissant chef Powhatan. John Smith, un officier de l'armée, est alors aux fers pour insubordination. Déstabilisés, les Anglais préfèrent combattre plutôt que de s'adapter.
En cherchant de l'aide auprès des Indiens, John Smith découvre une jeune femme fascinante. Volontaire et impétueuse, elle se nommée Pocahontas, ce qui signifie "l'espiègle". Très vite, un lien se crée entre elle et Smith. Un lien si puissant qu'il transcende l'amitié ou même l'amour...



J'ai mis le temps pour voir ce Nouveau Monde mais cela valait l'attente. Un film aussi exigeant méritait une véritable envie.
Des les premières images j'ai retrouvé la patte du réalisateur de la Ligne rouge, caméra flottante à la légèreté d'une bulle, images d'une beauté époustouflante, narration elliptique, voix off aux propos ténus mais complexes, fluidité confondante....



Relecture de l'histoire de Pocahontas, Le nouveau monde est un film qui se ressent plus qu'il ne se comprend. Attention, cela ne veut pas dire qu'il est incompréhensible et nébuleux, au contraire, il est d'une simplicité remarquable mais l'émotion dégagée par les images l'emporte à priori sur l'histoire elle-même tout en la complétant admirablement. Ce que j'essaye maladroitement de dire est que si message il y a, il passe nettement plus par l'émotion dégagée de l'image que par l'histoire elle-même.



Lorsque les colons arrivent en Virginie, dans ce territoire vierge de toute culture européenne, j'ai immédiatement ressenti une étrangeté diffuse, l'impression que ni eux ni moi-même en tant que spectateur étions à notre place, que ce territoire non souillé n'est pas à nous, n'est surtout pas fait pour nous, que nous n'avons rien à y faire. Le sentiment de n'être qu'une brute épaisse se répandant dans un jardin inviolé. Ce pays avait tout du mythique jardin d'Eden, ancien mais neuf, propre, pur. Ses habitants en étant les enfants, ne connaissant ni la peur, la jalousie, l'envie ou la haine, vierges de tout péché. Ces hommes étaient la véritable incarnation des enfants de Dieu qui seraient restés au paradis, libre de toute contrainte et de tout mal. Fantasme ? Peut être.



Au départ, les futurs colons ont des ordres stricts: pas de violence envers les autochtones. Non par respect mais par calcul. Le tout début se passe plus bien mais on sent la peur chez les Anglais et l'incompréhension envers un mode de vie qui leur est totalement étranger. On ressent très nettement la totale incapacité des anglais à s'adapter. Ils n'en ont pas la volonté ni même probablement la capacité. La première occupation étant de construire un fort avec une palissade défensive. Défense dérisoire envers un peuple strictement pacifique, enfermement sur soi même plutôt qu'ouverture vers l'autre. Très rapidement les conditions de vie se dégradent, le fort devenant un cloaque infâme; les colons étant incapables de se nourrir, de cultiver, de s'épanouir. Une tache immonde au bord d'un pays qui à l'extérieur du fort garde sa beauté et son mystère. L'histoire suivra son cours et la tache va se répandre.



John Smith est un militaire, le seul du groupe de colons. Lorsque le Capitaine Newport (Christopher Plummer) retourne en Angleterre chercher vivres et renforts, John Smith est chargé de demander de l'aide en amont du fleuve au roi des indiens. Quelque temps "invité" dans leur village il va découvrir un autre mode de vie auquel il va rapidement s'adapter, partageant les joies d'une vie simple au contact de la nature (d'où l'accusation de propos simpliste du film) et de gens dénués de toute malice. Et c'est là qu'il va rencontrer Pocahontas, la fille du roi, une jeune femme curieuse et intelligente qu'il va prendre en affection alors que chez elle se développe un sentiment bien plus fort.



On est loin de l'imagerie Disney (je m'attendais pourtant au ??. laveur) mais on est aussi très loin d'un John Smith pourri jusqu'à la moelle, profitant honteusement de l'amour que lui voue Pocahontas. Colin Farrel est d'une sobriété exemplaire, mêlant force, douleur et étonnement.
Je l'ai ressenti comme un homme qui aura goûté un instant au paradis et qui se rend compte qu'il ne lui est pas destiné. Que sa nature l'emportera sur des chemins différents et qui préfère partir plutôt que de continuer à abuser la femme qu'il en est venu à aimer, mais pas suffisamment pour transcender sa nature, tout de même assez pour s'en aller avant de lui faire du mal. La jeune Q'orianka Kilcher est merveilleuse de naturel et de sensibilité. Ses mots sont rares mais son regard exprime un torrent d'émotions bien plus explicite que 15000 lignes de dialogues.



Le nouveau monde n'est pas a proprement parlé un film difficile d'accès mais il nécessite néanmoins un minimum d'investissement personnel pour rentrer dans l'histoire au déroulement lent et contemplatif, ce qui ne peut se faire qu'à travers l'émotion suscitée par les images. Si vous allez voir John Smith cassant la gueule aux indiens ou une bête romance à l'eau de rose vous serez inévitablement déçus.



Techniquement :



L'image frise ici la perfection (un éventuel dvd de démo pour un support aijourd'hui attaqué par la HD) malgrè un métrage de plus de 2h00, un documentaire d'1h00 et deux pistes son en DD 5.1. Fluidité et pureté absolue dans le traitement des couleurs, piqué formidable, compression sans faille.
VO + VF en DD 5.1. Peu ou pas d'effets tonitruants mais là encore fluidité et limpidité sont les maîtres mots. Une immersion totale et naturelle.


Bonus :



? Le Making Of : La conception du "Nouveau Monde"
? Le Teaser et la bande-annonce
? Les bandes-annonces
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